Apprenons-nous ?

Published by Eric Séguier on

L'arbre aux étoiles

Article publié originalement sur savoir agile.

Par l’écriture de billets de blogue, je souhaite améliorer ma visibilité sur les réseaux sociaux afin de faire connaître ma proposition de service — la facilitation des dynamiques d’équipe. En d’autres termes, je souhaite amorcer et soutenir des conversations où la vulnérabilité et l’authenticité sont présentes et sources de résultats tangibles, d’actions significatives et de projets créatifs.

Souvent, je m’aperçois que j’ai beaucoup d’idées à propos de thèmes qui me semblent utiles, pertinents et porteurs de sens, mais lorsque je décide de poser ces idées sur une feuille et commence à écrire, je me contracte et j’ai l’impression de rétrécir. Un syndrome de l’imposteur émerge en moi qui se manifeste par une accélération des battements de mon cœur, une envie de ne pas être vu, voire de disparaître. Il m’est donc très difficile d’écrire.

Quand j’ai constaté qu’il m’était très difficile d’écrire, je suis resté « scotché » jusqu’à l’écriture de ce billet, qui me permet d’explorer la source de mes résistances.

La théorie pratique

L’exploration du modèle des « 3 boucles d’apprentissage » de Bill Torbert (Action Inquiry, chez Berrett Koehler) m’a beaucoup inspiré et aidé à faire la lumière sur ma façon d’apprendre.

La première boucle consiste à changer de tactiques et de comportements afin d’atteindre notre objectif de façon plus efficace. Prenons l’exemple de Coyote et Bip Bip (Road Runner), quelles sont les tactiques mises en place par Coyote pour attraper Bip Bip ?

La deuxième boucle consiste à se poser des questions au niveau stratégique et des objectifs à changer afin de devenir plus efficient. Toujours dans le cadre de l’exemple de Bip Bip et Coyote, le genre de question que Coyote se poserait serait : « Et si Bip Bip était mon ami ? »

La troisième boucle consiste à se poser des questions sur la légitimité et l’intégrité de nos actions : pourquoi est-ce si important pour moi que cet évènement ait lieu ? Qui suis-je ? Qui sont les autres pour moi ? Dans le cadre de Bip Bip et Coyote, Coyote pourrait se poser les questions suivantes : quelle est la relation que je souhaite avoir avec Bip Bip ? Qui suis-je dans cette relation ?

La pratique de la théorie

Maintenant, si je ramène ce modèle à la question qui me préoccupe sur ma difficulté à écrire des billets de blogue et, en fait, à toute action qui montre ma singularité. Voici quelques apprentissages que j’ai faits ou, tout du moins, les questions qui sont présentes :

Première boucle : Écrire des billets n’est pas facile et une personne externe devrait pouvoir le faire mieux que moi, alors la meilleure chose à faire est de recruter quelqu’un, de faire appel à un pigiste. J’ai essayé d’écrire le matin, le soir, d’utiliser d’autres supports comme le papier plutôt que l’ordinateur. Le résultat était toujours décevant; je sentais chaque fois une forte contraction à l’intérieur de moi qui coupait toute énergie dans mon écriture.

Deuxième boucle : Et si l’écriture était mon alliée et non une corvée, qu’est-ce que cela changerait dans cette situation ? J’ai donc décidé de me lancer dans l’écriture de cet article en accueillant la petite voix intérieure qui me disait que ce que j’avais envie de partager par écrit ne valait pas la peine et en la remerciant. Cela m’a permis de créer plus de place en moi et de me libérer d’un poids.

Troisième boucle : Quel est le sens que je veux donner à l’écriture d’un billet ? Pourquoi est-ce si important pour moi d’être présent sur les réseaux sociaux ? Puis-je m’en passer ou trouver d’autres moyens de diffusion ? J’apprends que ma plus grande résistance est d’accepter qui je suis vraiment et de clamer avec conviction ma singularité.

Et puis ?

Un des autres apprentissages que j’ai pu faire, c’est qu’il n’y a pas une boucle meilleure que les autres et que la navigation entre les trois types de boucles est un bel outil à maîtriser. J’ai également constaté dans cette expérience riche que j’étais beaucoup resté dans la première boucle. Respirer, me calmer, accueillir mon égo, mes jugements, écouter mon corps (mes contractions, mes impatiences, les battements de mon coeur) m’ont également permis de visiter les autres boucles.

Enfin, si je fais le lien avec la facilitation d’équipe, je peux constater que la vulnérabilité est un élément essentiel dans l’apprentissage et que cela crée de l’espace pour « grandir ». Diane Musho Hamilton appelle cela la puissante vulnérabilité (Everything is workable—A zen approach to conflict resolution, Shambhala).

Je serais curieux de savoir comment vous pouvez vous rendre vulnérable et authentique pour créer des occasions d’apprentissage de deuxième et de troisième boucles avec des gens qui sont importants pour vous.

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